Et si l’innovation commençait dans un rêve collectif ? L’entreprise contemporaine est portée par la quête d’efficacité, de rapidité, de maîtrise. Mais dans cet élan, elle oublie parfois un levier fondamental : la capacité à rêver. Non pas rêver au sens naïf, mais rêver comme on projette, comme on imagine ce qui n’existe pas encore. Car derrière toute transformation ambitieuse, il y a une vision partagée. Un élan, un imaginaire collectif. C’est souvent cela qui distingue une exécution rigoureuse d’un véritable mouvement.
L’imaginaire collectif, un levier stratégique méconnu
Dans les discours d’entreprise, le vocabulaire est souvent balisé : objectifs, livrables, tableaux de suivi. Ce langage technico-fonctionnel rassure, mais il laisse peu de place à la projection, à l’incarnation. Or, un projet ne fédère pas parce qu’il est logique, mais parce qu’il suscite une émotion partagée, une envie d’y croire.
L’imaginaire collectif n’est pas une alternative à la stratégie : il en est la dimension symbolique. Il relie les représentations individuelles autour d’un horizon commun. Il se construit à travers des métaphores, des récits, des images mentales fortes. Il donne de la chair à une vision, transforme un objectif en cap désirable.
Quelques exemples emblématiques :
- Quand Patagonia positionne sa marque autour de la « préservation du vivant », elle ne vend pas seulement des vêtements, elle active un imaginaire militant, alternatif, naturaliste.
- Quand Airbus nomme son programme d’innovation « fello’fly » (en référence au vol en formation d’oiseaux), elle convoque un imaginaire collectif du vivant et de l’efficience inspirée de la nature.
Ces narrations ne sont pas de simples artifices de communication : elles activent une dynamique mentale partagée. Elles donnent à voir autrement, à penser autrement, et donc à agir autrement.
Innover, c’est imaginer ce qui n’existe pas encore
L’innovation, trop souvent réduite à sa dimension technologique, est avant tout un processus mental : imaginer des usages nouveaux, des organisations inédites, des formes encore invisibles. Elle requiert donc un terreau propice : un espace symbolique, ouvert, fertile. En cela, l’imaginaire collectif agit comme un catalyseur de transformation.
La chercheuse Pascale Weil, dans ses travaux sur la transformation des organisations, note que « l’imaginaire précède la stratégie : on ne peut pas mettre en œuvre ce qu’on ne peut pas concevoir » (Weil, 2016). C’est une invitation claire à revaloriser l’amont du processus stratégique : la phase d’inspiration, d’aspiration, de projection collective.
Des entreprises comme IDEO, Google ou LEGO ont institutionnalisé cette logique : elles créent des cadres propices à l’émergence d’idées radicales, en mobilisant non seulement les savoirs, mais aussi les ressentis, les intuitions, les récits personnels.
Mobiliser, c’est faire émerger une vision partagée
On pourrait croire que la motivation des équipes repose sur des leviers individuels : reconnaissance, sens, autonomie. C’est vrai. Mais au-delà, ce qui soude un collectif, c’est sa capacité à se projeter dans une aventure commune, à s’aligner sur une représentation désirable de l’avenir.
C’est là qu’intervient l’imaginaire partagé : ce récit implicite que les collaborateurs se racontent sur leur rôle, leur utilité, leur avenir au sein de l’organisation. Lorsque ce récit est absent ou incohérent, l’adhésion s’effrite, le désengagement s’installe.
Dans les grandes transitions (fusion, réorganisation, changement de stratégie), les dispositifs les plus efficaces sont ceux qui activent des imaginaires puissants : voyages, explorations, constructions collectives… autant de métaphores structurantes qui donnent du relief et du sens à l’incertitude.
Comment réactiver l’imaginaire dans votre entreprise ?
Réintroduire l’imaginaire ne signifie pas adopter un discours flou ou fantaisiste. Il s’agit au contraire de reconnecter la stratégie à une dimension humaine, sensible, symbolique. Voici quelques leviers concrets :
- Travailler la symbolique des projets : noms de programme, éléments visuels, métaphores narratives.
- Favoriser l’expression des représentations collectives : via des ateliers de projection, des fresques collaboratives, des récits croisés.
- Créer des récits fondateurs pour accompagner les transformations : formats immersifs, films, carnets de bord narratifs.
- Mettre en scène les valeurs et les aspirations plutôt que de les énoncer abstraitement.
- Inciter les dirigeants à raconter une vision plutôt qu’à l’expliquer uniquement par les chiffres.
Conclusion
Dans un contexte où tout va plus vite, où les organisations doivent s’adapter en permanence, l’imaginaire n’est pas un luxe. Il est ce qui permet de tenir une trajectoire, de rassembler autour d’une intention, d’oser des ruptures fécondes.
Chez Digital Video, nous croyons à la puissance du récit, à la force des images mentales et à la capacité des organisations à se transformer en rêvant plus grand. Car toute réalité commence, un jour, par une vision.